De sa chambre d’ado en Guadeloupe à l’espace intersidéral, la trajectoire d’Hervé Pagez, 28 ans, c’est du Buzz l’Eclair : vers l’infini et au-delà. Gamin, il baigne dans le dancehall made in Caraïbes et fait son éducation en écoutant Vybz Kartel, Elephant Man ou Sizzla. Puis, un jour, le collectionneur de riddims à la sainte révélation électronique à cause de deux drôles de robots français. Alors que tous ses potes préfèrent prendre des coups de soleil à la plage, Hervé dévore toute la culture club, tant pis pour son bronzage. À 17 ans, il découvre l’EDM et se dit que lui aussi veut tabasser les dancefloors. Il apprend donc à produire, tout seul comme un grand, à base de tutos Youtube, d’heures passées sur Fruity Loops et de sessions Ableton. En slip dans son plumard, il affine sa science des remixes et des bootlegs pour convertir le soir le public antillais aux gros sons futuristes. C’est en 2012 que la fusée Pagez décolle lorsque Laidback Luke le repère, après qu’Hervé lui ait envoyé quelques démos, et le signe fissa sur son label, Mixmash. Un petit gars nommé Diplo tombe sous le charme, rien que ça. Le californien passe régulièrement sa musique dans ses sets et le stalke sur les réseaux pour lui commander un remix du Loose Yourself de Major Lazer. Dans le même temps, Hervé quitte son île et son clan, voyage et s’installe en métropole pour régaler les foules de la vieille Europe de ses Dj sets métissés. Loin de prendre le melon, il taffe chez Uniqlo pour payer son loyer parisien, enchaînant parfois journées de boulot et nuits sans lunes derrière les platines. Curieux, sans chapelles ni snobisme, il séduit les clubbeurs par ses mélanges de moombahton, de trap et d’influences afro, le tout en gardant un esprit fun et pop.